PERSÉVÉRER N’EST PAS UN VERBE EN VOGUE. LA CONFUSION ENTRE PERSÉVÉRANCE ET OBSTINATION LUI FAIT DE L’OMBRE. OR, LORSQU’IL S’AGIT DE PERSISTER DANS UN EFFORT SCOLAIRE, PERSÉVÉRER S’AVÈRE ÊTRE L’ALLIÉ IDÉAL POUR MENER À L’AMÉLIORATION DE LA COMPRÉHENSION ET DES RÉSULTATS. ALORS, APPRENDRE À PERSÉVÉRER, ÇA VOUS TENTE?
L’enfant est en constante évolution et le papillonnage fait partie de son développement. Il appartient donc aux adultes qui l’entourent de l’accompagner pour acquérir le sens de l’effort, la constance du travail et l’aider à dépasser les moments de découragement. Persister, c’est adopter une attitude stratégique et positive face aux obstacles et, apprendre à persévérer contribue au développement de l’autonomie. Il y a donc tout à gagner à cultiver l’Art de la persévérance.
Valorisez l’importance de l’école auprès de votre enfant
Montrer l’école comme un lieu de partage des connaissances, un lieu de construction intellectuelle et sociale, s’avère nécessaire pour l’équilibre de l’enfant. Il n’y a pas de lieu idéal, mais, en l’occurrence, c’est le seul où votre enfant peut construire les apprentissages qui lui permettront de valider des acquis et d’obtenir des diplômes. Valoriser l’importance de l’école n’est pas lui répéter chaque jour combien réussir est important, ce que l’enfant pourrait traduire comme la peur de ne pas le voir réussir et donc entamer sa confiance en lui, mais lui raconter vos souvenirs de réussites, vos efforts pour comprendre, vos prises de conscience sur les méthodes de travail, votre propre intérêt pour une matière… L’adulte est un modèle pour l’enfant, quel que soit son âge et ses réactions, et personne ne peut régler ses comptes avec l’école à travers son enfant.
"«Valoriser les efforts autant que les réussites est primordial pour donner l’envie de persévérer»"
Montrez-lui votre intérêt pour ses apprentissages
Vous impliquer dans ses apprentissages est une façon de lui montrer votre intérêt pour ses longues journées d’école. Attention, cela ne signifie en aucun cas qu’il faut travailler à sa place, lui donner les réponses ou juger sa manière de travailler! Par contre, cela suppose de lui poser des questions sur la difficulté de la tâche, lui proposer de l’aide méthodologique et donc de passer du temps avec lui. Lui permettre de prendre sa juste place dans la construction des savoirs consiste à ne pas tout faire à sa place sous prétexte que c’est plus rapide même si ce n’est pas fait à votre façon. Votre mission? Lui faire vivre le succès! Pour cela, une seule recette : adapter vos exigences aux capacités émotionnelles de l’enfant. Si le parent devient trop exigeant, l’enfant se décourage. Donc, montrer votre intérêt pour son travail ne consiste nullement à exiger des résultats, mais à participer en l’aidant à se structurer sans se décourager. Encore une fois, vous êtes son modèle. Montrez-lui comment vous travaillez et structurez toutes les actions qui vous sont confiées. L’exemplarité ne peut être bénéfique qu’à condition de montrer un minimum d’enthousiasme pour votre travail et que vous savez garder du temps pour votre famille.
Fractionnez les tâches trop difficiles et allez au bout
Pour certains enfants, devoir répondre à 6 questions sur un texte équivaut à gravir l’Himalaya. Dans ce cas, anticiper et fractionner en plusieurs étapes peut-être productif à condition, bien sûr, que l’enfant ou l’adolescent accepte et participe à ce fractionnement. Ainsi, le travail pourra être achevé sans avoir été bâclé. Apprendre à terminer ce qui a été commencé tout en l’effectuant correctement contribue également à développer le sens de la persévérance. Ceci est valable pour toutes les activités familiales et sportives auxquelles participe le jeune. Se rendre à une activité à laquelle vous l’avez inscrit à sa demande jusqu’au bout de son engagement est essentiel. Si l’intérêt n’est plus là, vous pourrez toujours ne pas renouveler l’inscription. Pour les plus petits, compter combien de fois l’enfant est allé au bout d’une action est valorisant, il en retirera de la fierté, même si, pour cela, vous avez dû découper l’action en étapes. Pour gravir un sommet, le grimperiez-vous d’une seule traite?
Valorisez les efforts fournis, encouragez au lieu de complimenter
Chaque effort est une réussite. Pas besoin de vous extasier, le reconnaître suffit. Complimenter revient à fixer une étiquette sur le résultat ou sur l’enfant. «C’est bien» ou «Tu es intelligent» le rend dépendant du regard des autres et ne lui permet pas d’évaluer son travail ou de savourer son effort. Certes, cela fait toujours plaisir, mais l’encouragement se situe au-delà des félicitations, il reconnait la valeur de l’effort et le sens du travail fourni. Valoriser les efforts autant que les réussites est primordial pour donner l’envie de persévérer. «J’admire ton travail, c’était difficile, mais tu es allé au bout!» ou «Je vois que tu as adopté une technique de révisions efficace, les résultats ont suivi, bravo!» ou bien encore «Tu n’as pas réussi cette fois-ci, mais nous pouvons regarder comment faire pour le prochain test.» sont autant de phrases qui soulignent leurs efforts et mettent en lien les stratégies employées avec les résultats. C’est cela l’encouragement, donner le courage et la motivation pour continuer et construire, chaque jour.
Relativisez les échecs et aidez–le à apprendre de ses erreurs
Ce courage qui donne la force de dépasser les obstacles s’acquiert aussi par l’apprentissage de l’erreur. L’enfant a besoin de se tromper pour comprendre la validité de certaines solutions. Sans erreur, pas d’apprentissage solidement ancré. Relativiser l’échec, c’est déjà apprendre à abandonner l’idée de l’échec : est-ce vraiment un échec? Chaque échec renferme une leçon, chaque erreur montre un cheminement inadéquat, rien de plus. Les parents ont un rôle important à jouer afin d’apprendre à cultiver l’Art de la persévérance, les enseignants aussi. À nous, les grands, de faire émerger, chez nos petits, les grandes satisfactions qui leur donneront le goût de persévérer.
Valérie THEVENIAUT